mercredi 3 février 2016

lettre ...


Mon chéri,

Je viens de lire la dernière lettre qu'aura adressé Virginia Woolf à son époux dévoué, ses derniers mots pour l'homme qui s'efforça de la protéger des appels de la folie.
J'ai pleuré. Comme elle, je pense qu'avant l'arrivée de cette affreuse maladie notre bonheur était physique, notre jardin dans lequel chaque geste, chaque instant m'est essentiel. Tu es pour moi ce que personne d'autre ne peut être. "Ce que je veux dire, c'est que je te dois tout le bonheur de ma vie."
Rien n'est terminé, mais l'histoire vacille doucement tout à l’alentour. À l'ombre de mes prédispositions au mélodrame, là-bas un peu plus loin, entre les arbres, se devine une ruine romantique, j'en fais une photographie, pour te raconter. 
Mon existence n'a de sens qu'à tes côtés. Je ne sais plus rien, je n'ai jamais su, si ce n'est la certitude de ta bonté, ton authentique amour pour moi.
Virginia Woolf bascule ce 28 mars 1941, après la lettre, de nuit. Soixante-quinze ans après, je m'émeus, comprends le renoncement, comprends les heures, mais ne me résigne pas. Tu dois relever la tête vers le ciel, tu m'as toujours dit que c'était la plus belle des directions.

Et moi, t'écrire encore et encore que je suis là, contre toi.

kOLya San, le 2 février 2016

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