En sortant, Delon ne remarqua pas la Clio blanche, garée trente mètre plus loin et dont la portière, côté rue, était entrebâillée. Il était cinq heures trente à sa montre. Il avait deux bonnes heures devant lui avant que la ville s'éveille. A part quelques livraisons à la con, il n'y avait personne, en août, avant sept heures trente. Paris est une ville-musée, pensa-t-il, une grosse bourgeoise de province à la poitrine lourde et plombée, qui ronfle pour montrer aux autres qu'elle n'est pas morte. Il n'y a plus rien de vivant ici. La spontanéité et l'énergie ont déserté le monde occidental et migré vers d'autres territoires. Dans le désert blond du matin, la fille se pointa presque aussitôt et l'apostropha :

- Monsieur Delon ? Monsieur Delon ?

extrait du livre de Benjamin Berton
"Alain Delon est une star au Japon"